Haïti a connu et connaît encore des luttes intensives de contestation et de déchoucage. Toujours les mêmes problèmes, les mêmes histoires à mesure que les chefs d’administration et de gouvernement s`en vont et s’en viennent.
Le problème de coup d’État militaire, dans les années antérieures, et de déchoucage, ces dernières années, n’est-il jamais posé à fond pour être analysé sérieusement par ceux qui accèdent au haut commandement du pays ? Est-ce un problème idéologique, sociologique ou culturel ?
Pourquoi ne voulez-vous pas tirer des leçons positives de notre histoire ? Quand on pense à la situation de certains pays de la région caribéenne, aux multiples prêts et dons dont Haïti a bénéficié et a disposé, au nombre d’Haïtiens honnêtes qui ont des expertises à l`étranger et qui veulent offrir leurs services à leur pays, Haïti devrait-il être toujours un état misérable et de dispute, le plus pauvre de l’Amérique ?
À chaque période électorale, ce sont des dizaines, voire des centaines de gens qui se portent candidats. Mais, jamais ils n’ont un plan de développement qui reflète les besoins réels et nécessaires de la nation ni un rêve visant à rassembler les Haïtiens de toute tendance, de toute classe et de toute race.
Est-ce qu’un nommé, un élu ou un soi-disant élu s’est jamais penché sur le sort des Haïtiens les plus démunis ou tout au moins posé les questions ?
Pourquoi, en 2016, des paysans haïtiens marchent les pieds nus, au point d’attraper la lèpre, comme c’est le cas à Petite–Rivière de l’Artibonite ?
Pourquoi les marchands et marchandes haïtiens ne peuvent-ils pas bénéficier d’un système de transport en commun adéquat au lieu d’être obligés de parcourir des kilomètres avec un panier ou un sac sur leur tête, traînant derrière eux un animal pour se rendre au marché ?
Pourquoi des enfants, des jeunes, des adultes sont-ils obligés de marcher des heures à la recherche du liquide précieux qu’est l’eau ?
Comment comprendre que l’élargissement des villes et des communautés se fassent anarchiquement, sans plan d’urbanisation, sans contrôle des constructions, de la circulation, de la protection des vies et des biens ?
Haïti, la première République noire et indépendante, n’a pas fait honneur à ses anciens héros aux yeux du monde. Elle n’a pas su tenir le flambeau de république exemplaire, habitée d’hommes et de femmes sérieux, intègres, dignes, compétents, conséquents, luttant pour le progrès, la stabilité et le bien-être social et économique.
Ainsi, peut-on comprendre et expliquer pourquoi la dernière administration à la magistrature de l’État s’est fait hurlée, criaillée, jusqu’à la demande de sa démission ? Peut-on parler de la mauvaise compréhension de la réalité sociale haïtienne ? Peut-on invoquer une mauvaise utilisation ou distribution des biens du pays ? Peut-on se fier aux gens qui parlent de la mainmise des biens du pays par une classe dominante ?
Est-ce la peur d’un retour à la dictature parce que l’administration exige que tout soit en rose dans les institutions étatiques, que l’on s’habille en rose lors des rencontres et que la couleur rose soit même imposée sur les pylônes électriques, les héros de l’Indépendance à l’entrée du Cap-Haitien, les tribunaux civils… ?
Est-ce une anticipation de cette fameuse lutte de couleurs qui se dessine sous le ciel de la région métropolitaine quand des manifestations lancent : « Dessalines ap pase pran Pétion » ? Ce qui n’est pas sans rappeler les slogans de l’administration Lavalas dans les années 90-91 : « Wòch nan dlo pa konn doulè wòch nan soley » ; « Lè nou grangou, leve tèt nou gade anwo ».
Autant de questions qui n’ont sûrement jamais été débattues et élucidées dans les grandes réunions politiques. Une fois de plus, l’histoire d’Haïti est mal apprise et mal comprise par cette administration qui pensait et comprenait que tout était rose et que tous les Haïtiens, même ceux des régions les plus reculées du pays, avaient une vie en rose.
Haïtiens, Haïtiennes ! Souvenez-vous de la fameuse perception informelle d’un dollar par transfert, sous le gouvernement Lavalas de 1990 baptisée VOAM : « Voye Ayiti Monte ». Il n’y a jamais eu de compte rendu sur l’utilisation de cet argent.
Haïtiens, Haïtiennes ! Quels rapports détaillés détenez-vous de la signifiante valeur d’un dollar américain et demi perçu sur chaque transfert venant de l’étranger ? Pas un mot des législateurs qui ont un pouvoir de contrôle ! D’ailleurs, certains d’entre eux s’étaient rangés du côté de l’administration pour s’enrichir et cautionner des gabegies.
Une fois encore l’histoire se répète, mais sans qu’aucune leçon ne soit tirée et apprise par les politiciens véreux.
Les années passent :
Haïti se détériore par l’atmosphère politique, le déclin des conditions de vie. Haïti se dégrade par la destruction de son environnement, la compromission de la formation et le développement de l’être haïtien. Haïti s’effondre par la mauvaise gestion de la circulation des richesses et de leur répartition.
Les administrations haïtiennes, quel que soit son régime politique, n’ont jamais tenté de rassembler et d’offrir à toute la population des services de qualité et équitables, n’ont jamais opté pour une politique de coexistence.
Avec le combat de Vertieres, qui avait débouché sur l’Indépendance du pays en janvier 1804, les esclaves d’alors recherchaient la liberté de penser, de choisir, de se diriger et de vivre… Après la longue et sanglante lutte contre la dictature des Duvalier en 1986, le peuple Haïtien en grande partie se replaçait sur la carte du monde et optait pour une formule politique démocratique ayant trois pouvoirs indépendants : exécutif, judiciaire et législatif dont le dernier a une noble mission de contrôle.
Mais pourquoi tous ceux qui arrivent à la magistrature suprême opposent et refusent catégoriquement que le Législatif remplisse son pouvoir de contrôle ?
Le chef de gouvernement de la dernière administration et également ministre de la Planification a boudé au moins trois invitations des Pères conscrits, même celle où il devait se présenter pour soutenir le projet de loi de finances de la République.
Est-ce par innocence, par incompréhension, par incompétence ou par autorité ? Pourtant, il vaquait à ses occupations : missions, tournées, « Gouvènman lakay » à l’intérieur comme à l’extérieur du pays. Mais, pourquoi, par la suite, exigera-t-il que le projet de loi de finances (le budget) soit mis en application sans être présenté et homologué et sans aval du sénat. « Tel qui rit vendredi, pleurera dimanche », un vieil adage qui s’adapte bien en Haïti.
La magistrature suprême d’Haïti n’avait-elle pas une stratégie électorale visant à gérer la continuité ? N’avait-elle jamais pensé, réfléchi au carrefour du peuple, l’incontournable qui l’oblige à changer de direction dans peu de temps ?
Par le passé, beaucoup de chefs d’État ont toujours voulu gérer leur carrière de vie politique par la gestion de la continuité. Attention ! Aujourd’hui, c’est diffèrent des années soixante (60), où la guerre froide préoccupait l’esprit de tous.
Politiciens véreux, citoyens malhonnêtes, pensez à avoir une perception rationnelle de l’avenir afin de bannir les mauvaises pratiques et de rompre avec tous les mauvais clichés du passé qui ont fait grand tort à ce pays.
Les porte-parole, proches et fans de l’administration haïtienne, nient tout problème d’inégalité, d’injustice sociale, d’insécurité alimentaire, de chômage. Pour eux, le pays va à merveille. Les cinq « E » des cinq axes de développement scintillent en rose partout au pays.
Entre temps, c’est la hausse vertigineuse des taxes sur les services publics ; hausse des prix de l’essence, de la carte d’identité, des timbres du passeport ; hausse des prix sur les appels téléphoniques, les ventes et achats d’animaux et les produits importés.
L’Année 2017 est là. Que tous ceux et toutes celles qui ont le pouvoir de servitude révisent leur diplomatie vis-à-vis de l’alma mater ! Que ce territoire cesse d’être la propriété d’un petit groupe, mais celle de tous ses habitants haïtiens qui rêvent de stabilité et de prospérité !
Haïtiens, Haïtiennes, du courage !